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Roberto Alagna a fait étalage de toute sa classe à Chalon

Roberto Alagna a fait étalage de toute sa classe à Chalon

L’un des ténors lyriques les plus en vue au plan mondial, Roberto Alagna dans le cas présent, a posé passagèrement ses valises ce vendredi 7 mars à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône. Pas pour y magnifier des airs d’opéra, mais dans l’intention de remettre au centre du ring l’escroc Al Capone.

Plongée dans un passé tumultueux

D’ordinaire Roberto Alagna place sa voix dans des lieux chargés d’histoire, prestigieux, dans d’autres registres. Le classicisme tient alors le haut du pavé. Dans la cité de Niépce il en a été tout autrement. Y’ avait même du rififi dans l’air, au motif de comédie musicale intitulée « Hors-la-loi », celle-là même à qui Jean-Félix Lalanne (frère de Francis Lalanne NDLR) devait donner la vie. Avec une maturation entamée aux Folies Bergère en 2023, deux ans après le spectacle pouvait légitimement donner un sérieux coup de vieux aux spectateurs. Grossièrement, les ramener à la première partie du XIXème siècle, époque où sévissait le truand notoire peu avare de frasques.

 

Ça a fait caisse de résonance avec le coffre de chacun des éléments du public

Portant beau, le ténor a, sans surprise, fait florès en pénétrant son personnage d’une manière sensationnelle. Doté d’une aura nourrie à l’impétuosité, ainsi qu’à l’humour, toujours à portée de main. Puis, et surtout, grâce à cette voix chaleureuse poussée à son paroxysme, fougueux outil de travail à l’expressivité sautant aux yeux…ainsi qu’aux oreilles, tonifiées d’autant. Le Chicago d’antan gangréné par la pègre aura à nouveau affiché un profil savamment retravaillé. Entretenu d‘une part par le charismatique artiste vedette, d’autre part par ses complices de chant sur scène que sont Magali Bonfils et Thomas Boissy. La première a cumulé les rôles de la sœur et de la maîtresse du malfaiteur, le second personnifiant Frank, un frère, de même qu’Eliot Ness, membre américain de la Prohibition. Que ce soit avec des titres en français, en italien, Roberto Alagna a ouvert la voie royale à son double artistique, surnommé « Scarface » (littéralement : « le balafré »). Et pour consolider les formulations chantées, cinq musiciens étaient à l’œuvre, dont le guitariste Jean-Félix Lalanne.

 

On est redescendu sur terre à la fin

La dernière partie du spectacle s’est révélée inédite à ce niveau, puisque plusieurs chanteurs pris dans le public ont été conviés à monter sur scène dans une ambiance bon enfant, cependant non dénuée d’intérêt. Leur moment de gloire, tandis qu’une spectatrice, par tirage au sort, devenait l’acquéreur d’une guitare cosignée par Roberto et Jean-Félix. La chanson « Le parrain » fut le chant du cygne d’une soirée atypique à plus d’un titre. La révérence finale des entendants prit alors fait et cause en faveur de l’inéluctable ban bourguignon, digne pendant de l’ovation debout.

 

                                                                                                                Michel Poiriault

                                                                                                                [email protected]