Cérémonie à la mémoire des enfants Epsztein à l'école élémentaire Vivant Denon

Une cérémonie qui a eu lieu dans le cadre de la perpétuation de la mémoire de Hubert et Ghislaine Epsztein, deux enfants chalonnais de l'école Vivant Denon morts en déportation en 1944. Plus de détails avec Info Chalon.

En 2018, le regretté Christian Villeboeuf et les apprentis journalistes de l'hebdomadaire de l'école élémentaire Vivant Denon, Le P'tit Canard, ont été à l'origine de la redécouverte d'une plaque commémorative dédiée à deux enfants morts en déportation en 1944 : Hubert et Ghislaine Epsztein, âgés respectivement de 9 et 6 ans. 

Cette dernière reposait depuis de nombreuses années au fond d'une armoire suite à des travaux de démolition pour agrandir l'établissement.

En 1944, des policiers français, obéissant aux ordres de l'armée d'occupation allemande, arrêtent, emprisonnent et permettent la déportation de nombreuses familles juives de Chalon-sur-Saône. Tout au long de cette guerre, les Juifs seront pourchassés, traqués, persécutés et éliminés dans notre ville, comme partout en France.

Parmi eux, Hubert et Ghislaine Epsztein, élèves de l'école, pris lors de la Grande Rafle de Chalon-sur-Saône, le 26 février, sont arrivés, avec leurs parents, au camp d'internement de Drancy, vers Paris. Ils seront conduits en Pologne, pays alors conquis par les Nazis, où ils seront enfermés dans le camp de concentration et d'extermination de Auschwitz-Birkenau, qui se trouvait être le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich.

Le 12 mars 1944, ils seront tués, gazés puis brûlés «pour une seule raison : leur religion, la religion juive».

Cette cérémonie s'est déroulée ce jeudi 13 mars à 14 heures 30, en présence de Gilles Platret, le maire de Chalon-sur-Saône, Marie Mercier, le sénateur de Saône-et-Loire, Olivier Tainturier, le sous-préfet de l'arrondissement de Chalon-sur-Saône, Thomas Brugger, le directeur départemental de l'Office National des combattants et victimes de guerre, Amelle Deschamps, la vice-présidente du Conseil départemental, représentant André Accary, le président du Conseil départemental de Saône-et-Loire, et Michel Ouaknine, le président de la communauté juive de Chalon-sur-Saône.

Outre les élus, les représentants des associations patriotiques et d'anciens combattants, étaient également présents six classes de l'école élémentaire Vivant Denon, à savoir les classes de CM1 de mesdames Bon, Soulez et Jaboulet et les classes de CM2 de mesdames Sitbon, Torres et M. Laurent, ainsi que deux classes de 3ème du collège Jacques Prévert, accompagnées par Mme Renard, professeur d'histoire-géographie, et M. Fritis, professeur de musique, et une classe de terminale du lycée Pontus de Tyard, accompagnée par Emmanuelle Barbe, professeur d'histoire-géographie.

Après la diffusion du thème musical du film «La Liste de Schindler» (1993) de Steven Spielberg, composé par John Williams et interprétée par Itzhak Perlman et l'Orchestre Symphonique de Boston, Jean Christophe Tavernier, le directeur de l'école primaire Vivant Denon a pris la parole.

«Il nous faut redonner du sens à cette plaque, en la resituant dans son contexte historique, mais aussi en ancrant l'histoire de la Shoah dans l'histoire locale. Une histoire qui donne du sens au présent», a déclaré entre autres ce dernier, louant au passage «le travail remarquable» de Mme Renard qui a approndi les recherches sur l'histoire de la famille Epsztein avant de céder lui céder la parole puis 4 élèves de 3ème du collège Jacques Prévert et 3 élèves de terminale du lycée Pontus de Tyard.

L'enseignante parlera d'une «rencontre imaginaire» avec la famille Epsztein.

«Car oui, après deux ans de recherches, on finit par les appeler par leurs prénoms», à savoir Ghislaine, Hubert, Suzanne, Samuel, Carmen, Simon, Jacques et Gérard, «tant ils nous sont proches».

À noter que ce professeur d'histoire-géographie a été aidé dans ses recherches par Claudine Hérody-Pierre, liée à la famille Epsztein, qui lui a permis d'avoir accès à ses propres recherches et aux archives familiales, ainsi que Claude Elly et Roland Tatreaux de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône.

«Ces rencontres imaginaires et réelles ont été marquantes. Elles ont permis de croiser petite histoire et grande histoire. La petite histoire chalonnaise et la grande histoire mondiale», ajoutera Mme Renard.

Des élèves de CM1 de l'école ont lu un texte de Simone de Beauvoir puis des élèves de CM2 de l'école et de 3ème du collège Jacque Prévert ont interprété «Göttingen» (1967) de Barbara.

«Transmettre à nos enfants la mémoire des enfants Epzstein, élèves de l'école Vivant-Denon arrêtés avec leur famille en février 1944, déportés à Auschwitz et gazés à leur arrivée… Dire aux écoliers de Denon, aux collégiens de Prévert et aux lycéens de Pontus, pour l'occasion associés autour d'un important travail historique, que va reposer sur leurs épaules l'avenir de la France et de l'Europe...», a déclaré le maire lors de son intervention.

«Communier tous ensemble, vivants et morts, par les mots, la musique, le silence, en affirmant que les valeurs de notre République, la défense de la Liberté, le rejet de la haine et le respect de l'autre sont fondateurs d'une vie en commun durable et bonne pour chacun…», poursuit ce dernier.

«La barbarie est toujours à deux pas, rôdant autour de la civilisation; dès qu'on lâche pied, elle revient»

Une citation de Talleyrand utilisée à bon escient par le sous-préfet lors de sa prise de parole.

Après les dépôts du bouquet de fleurs des élèves du collège Jacques Prévert, des gerbes commémoratives des associations et des autorités, une minute de silence a été observée avant que ne retentisse la Marseillaise suivi du salut aux porte-drapeaux et honneur aux autorités.

Un verre de l'amitié a été proposé dans le gymnase de l'école après la cérémonie.

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati