Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Deux faits d’insultes et de violence dans des bus de la STAC

TRIBUNAL DE CHALON - Deux faits d’insultes et de violence dans des bus de la STAC

 « Je peux parler ? » demande l’homme au juge. Le président acquiesce. L’homme, du box : « Je suis handicapé, on m’a volé mon argent. Une personne handicapée comme moi, dans le bus, on la laisse s’asseoir. » Est-ce ainsi que l’homme a tricoté ses explications autour des problèmes qu’il a causés ? 

Ce jeudi 20 mars, cet homme âgé de 47 ans est entré dans le box, désentravé, le dos courbé, en appui sur une béquille. A son arrivée il dit « bonjour » et balaie la salle du regard.
Il comparaît pour répondre d’avoir :
- le 8 décembre 2024, dégradé un distributeur de billets au préjudice de la BNP (pour un montant de plus de 2600 euros),
- le 7 janvier, porté atteinte à la dignité d’un agent de la STAC (qui exploite le réseau de bus à Chalon) en l’insultant à plusieurs reprises (insultes soit dégradantes, soit violentes)
- le 20 janvier, commis des violences, toujours dans un bus, en frappant sur la vitre de séparation entre le chauffeur et les passagers, avec sa béquille, en le menaçant et mimant un égorgement. Puis il a détruit un dossier appartenant à la STAC, usant d’un briquet, faisant ainsi courir un risque d’incendie.

Si l’homme comparaît détenu, c’est que la mesure de contrôle judicaire ordonnée le 22 janvier, a été révoquée, le 27 février. 
Il ne fait que parler de façon intempestive, le président doit le recadrer, bientôt soutenu par la procureur. « Vous allez m’écouter, donc vous allez vous taire, conclut le président. Vous aurez la parole ensuite. Souhaitez-vous un avocat ? – Non, je ne souhaite pas. »

Il faut qu’un expert-psychiatre voie le prévenu

L’élocution du prévenu est pâteuse, alourdie, embarrassée. Le président parle immédiatement de l’expertise psychiatrique dont tout le monde pense qu’elle est vraiment nécessaire, même si dans ce cas précis elle n’est pas obligatoire (n’est pas sous tutelle, les faits ne sont pas de nature sexuelle). 
La procureur en est bien d’accord, demande son maintien en détention (il n’a pas respecté son contrôle judiciaire, et n’a plus de logement, dit-il).

« Je peux parler ? » demande le prévenu. Il le peut, lui répond le président. C’est là que l’homme dit qu’il a été volé, et qu’il est handicapé et que dans le bus on devrait donc le laisser s’asseoir. 
A son casier, 7 condamnations dont la dernière date de 2008. Sa mère et ses sœurs vivent pas loin d’ici. Il dit avoir 4 enfants. « Trois avec la première femme, un avec la deuxième. » Il dit leurs âges.

« On m’a toujours volé. Vous voyez, tous les vols qu’il y a à Chalon »

Le président aborde le point santé. Le prévenu reçoit des injections retard. Connaît-il le nom de la moléc... , euh, du médicament ? Non, il ne sait plus. Qu’est-ce qui a justifié la prescription de ces injections retard ? « J’ai jamais été malade, c’est depuis que je prends des médicaments que je suis malade. Par contre, on m’a toujours volé. Vous voyez, tous les vols qu’il y a à Chalon. »

Maintien en détention, audience dans un peu plus de 2 mois

Le tribunal ordonne une expertise psychiatrique (doit désigner un autre expert, un qui se rend au centre pénitentiaire), maintient le prévenu en détention provisoire. 
Sauf que les délais pour obtenir un rapport d’expertise sont assez longs, parce qu’il y a désormais peu d’experts-psychiatres, aussi l’audience est-elle renvoyée au 26 mai prochain. 
Le président demande à madame la greffière d’aviser la BNP, qui n’est pas à l’audience. Le prévenu entend « BNP » et c’est reparti : « J’avais un compte à la BNP, c’est pour ça, j’ai… » Le président l’interrompt gentiment : « Vous en parlerez le 26 mai, monsieur. »

FSA