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Haut les cœurs, pour faire chœur à chœur avec Nicoletta le jeudi 10 avril à Louhans

Haut les cœurs, pour faire chœur à chœur avec Nicoletta le jeudi 10 avril à Louhans

Faisant siens les édifices affectés à la religion afin d’y laisser une trace durable, de creuser un sillon profond, Nicoletta sèmera des graines de joie impérissable le jeudi 10 avril à 20h, en l’église Saint-Pierre de Louhans. De par un large éventail de chansons parlant à nombre de personnes. Interview pour info-chalon.com

Hélas pour les retardataires, toutes les places ont été pourvues…

Comment se passe votre tournée des cathédrales et églises 2025 ?

« Ca fait vingt-cinq ans que, chaque année, je m’y consacre ; c’est conçu spécialement pour ces lieux .C’est moitié français, moitié américain. Ca commence par des chansons françaises bien sûr, je suis accompagnée par un pianiste et des choristes. C’est très acoustique, les voix qui m’accompagnent sont formidables, c’est vraiment un groupe qui est très gospel dans son expression. Et puis au milieu du tour de chant je les présente, ils font un gospel, je viens les rejoindre, et on continue avec tous les tubes du gospel en anglais. En première partie je chante notamment « Il est mort le soleil », des tas de chansons avec un texte assez généraliste d’amour universel. Pas des titres comme «Les Volets clos », « Ma vie c’est un manège »,  j’ai des chansons beaucoup plus logiques qu’il est possible de chanter dans les lieux sacrés. On ne peut pas chanter n’importe quoi quand même. Ca marche très bien, et je suis très heureuse, c’est toujours un enchantement. Je continue quand même de faire des concerts dans des théâtres avec mon récital normal, qui comprend tous mes succès, les musiciens, etc. Vous savez, je suis la première à avoir promu le gospel en France. Il ya vingt-cinq ans, ça n’existait pas dans notre pays. On ne l’entendait pas, et j’ai décidé de faire ça, de prendre une direction différente dans ma carrière. C’est une expression qui me plaît, ce n’est pas ma culture, je suis chrétienne, et ça m’intéressait. En plus le gospel c’est des racines afro-américaines c’est quand même une chose formidable musicalement, c’est très agréable. On partage les voix, etc. c’est très intéressant. Cette musique est dotée de textes extrêmement sensibles, ce sont des textes sacrés qui parlent de Jésus. Le negro spiritual est venu avant le gospel. Il y a eu un remaniement. On s’adresse au Seigneur, à Jésus, pas à Dieu. On parle en général de Dieu dans le negro spiritual. Le gospel c’est « My lord », « Jesus », etc. »

Pourquoi avoir décidé de vous produire dans des lieux de culte ?

«Déjà parce que ça m’intéresse au point de vue ambiance, ce sont des lieux extraordinaires qui ont été faits par la main de l’homme, et c’est très chargé de spiritualité. Je ne suis plus la seule à chanter dans les églises, il y a Hugues Aufray, Voulzy, pas mal d’artistes… il y a une chorale, de la musique classique surtout. Dans le temps, au début des cathédrales et des églises, c’étaient des lieux publics, les gens pouvaient se réunir quand ils voulaient, c’était moins obtus que maintenant. Les gens sont ravis aujourd’hui, parce qu’ils découvrent la beauté de leur cathédrale. »

Y a-t-il des chansons que vous placez au-dessus des autres ?

« Non, non. Chaque chanson indique une humeur que j’avais. Je les aime toutes, sinon je ne les chanterais pas. »

Votre mélange des genres musicaux contribue-t-il à votre équilibre artistique ?

« Je suis une chanteuse de variété, ça dit bien ce que ça veut dire. Il faut varier ses plaisirs quand on est une interprète, et j’aime bien m’aventurer dans des choses qui sont des expériences formidables. Il y a eu des duos avec Lavilliers, avec JoeyStarr. Joey a repris « Mamy blue » en hip-hop. Cet été un groupe de techno qui s’appelle Bon Entendeur a repris ma bande orchestre où je chante « Fio Maravilha ». Elle a été remixée, ces jeunes ont vingt-cinq ans, ils en ont fait un truc pour les dancefloors, et ça a fait un tube énorme, on l’a entendu tout l’été. C’est amusant. »

Êtes-vous nostalgique d’une période de votre carrière ?

« Je n’aime pas la nostalgie. On aime avoir des souvenirs, mais je ne suis pas là-dedans, j’avance. Vous savez, la vie est courte à mon âge ! Ce n’est même pas un métier que je fais, c’est particulier. On travaille avec une équipe, on a des responsabilités. Il faut être à point, prêt. Je m’emploie à m’occuper jour après jour de ce que j’ai à faire. Par exemple je vais peut-être tourner pour un téléfilm. J’y pense, je me concentre, je me prépare. La nostalgie, c’est pénible, parce que ça amène la mélancolie, et la mélancolie amène une grosse tristesse. Oh là là ! Je suis gaie de nature, j’aime bien la vie, j’aime bien rire. Je trouve que le rire est important. Il faut au moins rire cinq minutes par jour, c’est très bon pour la santé. C’est une caresse, la nostalgie. Ce sont de jolis moments auxquels on peut penser, mais Il ne faut pas s’y attarder, il faut prendre la vie à bras-le-corps chaque matin, et se dire : mon Dieu, qu’est-ce qu’il va arriver aujourd’hui ? Il faut être positif, penser que la vie est belle. J’adore le printemps et l’été, parce que le matin, quand je suis dans ma maison à la campagne, en Haute-Savoie, ce que j’aime c’est le début de l’aube, et tout d’un coup j’entends le premier oiseau qui chante dans la pureté de la journée à venir, je trouve ça magnifique à vivre. Ca transporte plein de bonheur, et ça nous met en forme pour la journée. Après on prend le chien, on va se promener, et c’est merveilleux. Il y a des tas de gens qui pensent comme moi. Il me semble que l’âge amène des goûts différents. J’ai remarqué qu’en prenant de l’âge, j’aime les choses les plus simples, et c’est bien agréable. L’autre après-midi, c’était 16h, j’ai vu la pleine lune, c’était formidable. J’étais surprise, et j’ai dit : tiens, qu’est-ce qu’elle fait là, entre deux rues de Paris. Elle était belle, ronde, un peu grosse, pâle, c’était très intéressant. Je m’émerveille de pas grand-chose. Le grand bonheur n’existe pas. Ce sont les petites choses qui font le bonheur. »

Une chanson, finalement, ça peut abolir bien des frontières ?

« Il y a des chansons qui ont franchi des frontières, ça c’est sûr, mais l’important n’est pas ça. La chanson que l’on propose au public devient un succès, pourquoi ? On devient leur madeleine de Proust. Il y a une chanson qui a marqué un moment de leur vie. Des gens vont aimer «Les volets clos », d’autres préfèrent « Il est mort le soleil », ou  « Mamy blue ». Alors celle-ci, elle a touché plusieurs générations. Les souvenirs que les chansons évoquent, ça leur appartient. Le public a des ressentis très précis. Je pense qu’on a le public que l’on mérite. On ne dit pas : mon public, c’est général. Mais les gens qui me sont fidèles, qui viennent me voir sur scène, ont la même sensibilité. Ils passent  un moment, oublient leurs tracas, sont heureux de nous entendre. On leur rappelle plein de choses, parce que la plupart d’entre eux ont grandi avec nous. Je vois des femmes qui m’amènent leur fille, leur petite-fille, c’est très agréable. Il y aussi des couples, c’est charmant. De toute façon le public est une entité très palpable quand on est sur scène, car on le ressent. On voit quand on fait plaisir aux gens, avec comme par exemple « Il est mort le soleil », devient grâce à sa métaphore une chose précise. C’est fonction de l’individu qui vient de perdre un être cher : pour Marie, son enfant, son copain, etc. et j’essaie de la chanter le mieux possible. Et l’église, la cathédrale, sont des lieux où on peut se permettre vraiment une intériorité. Ça s’appelle chanter religieusement si je puis me permettre. On n’a pas la même attitude qu’au music-hall. C’est le lieu qui indique la façon dont on va travailler, et je suis entourée de gens merveilleux. »

Changeriez-vous quelque chose à votre parcours, s’il était à refaire ?

«Non, Je n’ai jamais vraiment calculé ce que je fais, j’ai toujours avancé dans mes projets sans réaliser que c’était un travail finalement. C’est un travail d’équipe, on n’est rien tout seul. Le tout c’est de pouvoir formater les gens autour de soi et de bien les choisir. Je ne regrette rien du tout, même les erreurs. J’ai fait des erreurs, mais les erreurs on ne les fait jamais deux fois, et c’est un enseignement, tout le monde le dit. On se plante, on se dit qu’on n’aurait jamais dû faire ça. Terminé, je ne recommencerai pas ça, ce sont les choses de la vie, même dans sa vie privée. Je n’ai jamais eu de plan précis pour faire une carrière. Je suis toujours là parce que j’ai la santé, et grâce au public. »

 

Crédit photo : DR                                                                     Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                                 [email protected]    

Interview de Nicoletta