Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Après les incendies de voiture de Chalon... un Chalonnais à la barre

TRIBUNAL DE CHALON - Après les incendies de voiture de Chalon... un Chalonnais à la barre

« On l’a accueilli, on l’a nourri, on lui a tout donné et en remerciement, on a ça ! » L’homme en a gros. « On a ça » : vol de sa CB avec retraits et dépenses à hauteur de 1400 euros, et, plus grave : section des freins de sa voiture.

 Soit un jeune homme qui se trouve une copine. Il est en difficulté, elle lui fait rencontrer sa famille et plus particulièrement son père, présent à l’audience de correctionnelle à juge unique, ce lundi 24 mars. Le jeune homme passe son temps à Saint-Maurice en Rivière, jusqu’à ce qu’un jour, le père s’étonne de retraits d’argent dont il n’est pas l’auteur. On est début septembre 2023. Il dépose plainte. Les caméras de vidéosurveillance d’une banque dénoncent le copain de sa fille. 
Pire, le père lui prête sa voiture. Le garçon la lui rend avec les freins bousillés. L’homme confie son véhicule à un garagiste qui l’appelle sans tarder : les freins ont été sectionnés, c’est « forcément volontaire ».

A la barre, un prévenu plutôt jeune puisqu’il est né à Chalon en 2002 se défend plutôt maladroitement de ce qu’un autre, un copain, aurait volé la carte, trouvé le code, puis lui aurait demandé d’aller retirer de l’argent. « Et vous ne regardez même pas le nom qui est sur la carte ? Le nom du père de votre copine. »  Le président ne trouve pas le prévenu vraiment crédible.

En difficulté 

Un garçon élevé par sa grand-mère après le décès de sa mère alors qu’il était petit. Il a des frères et sœurs mais n’a plus aucun contact avec son père. A l’époque des faits il vivait chez le père de sa copine, aujourd’hui il est retourné vivre chez sa grand-mère. Il a un CAP mécanique. Il travaille pour une association. Il a été suivi, enfant, pour des « troubles du comportement », il a, dit-il, des problèmes de concentration voire de compréhension. Il consomme du cannabis depuis fort longtemps. 
Il est un peu encadré aujourd’hui et dit qu’une demande de mesure de protection civile a été déposée pour lui au tribunal.

Des passages à l’acte qui s’enchaînent dans l’opacité de ce qui les motive

A part ça, il s’entendait bien avec le père de sa copine, qui l’a « beaucoup aidé ». 
« Dans ces conditions, il est incompréhensible que vous soyez si peu reconnaissant » observe le président. 
Le procureur éclaire non le manque de reconnaissance mais la facilité avec laquelle ce jeune homme passe à l’acte, et pas qu’un peu. Le magistrat cuisine le prévenu mais devant des réponses évanescentes voire inexactes, le magistrat doit finalement mettre les points sur les i, alors que le garçon à la barre offre tous les signes de l’émotion.

En garde à vue samedi dernier : mis en cause pour les incendies de voiture à Chalon

Lundi dernier, il se trouve en garde à vue, pour des faits de conduite en ayant fait usage de stupéfiants. Oui mais, « mardi, mercredi, jeudi et vendredi, j’ai travaillé » se défend le prévenu. C’est vrai, sauf que le samedi il est à nouveau gardé à vue, pour les incendies de voitures causés dans la nuit de vendredi à samedi, à Chalon-sur-Saône : il est mis en cause* pour ces incendies. 
Le procureur fera état d’autres faits au cours de ses réquisitions, on n’a pas compris s’ils sont associés à la conduite sous stups ou pas, mais enfin le garçon est ou sera poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui.

« Quand vous avez coupé les freins, vous saviez que c’était les freins ? – Oui »

Au cours des réquisitions, justement, le procureur souligne « la froideur » dont fait mine le jeune homme, lorsqu’il est entendu par les gendarmes : « Quand vous avez coupé les freins, vous saviez que c’était les freins ? – Oui, j’ai une formation en mécanique. » (il a un CAP mécanique, ndla)
Ainsi, « malgré un casier néant », le procureur requiert une peine de 12 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans.

Pas d’avocat : pas de défense

Le prévenu a la parole. Il n’a pas d’avocat et il n’a rien à dire pour sa défense. Il se fait expliquer la peine requise dont il n’a retenu que « 12 mois ». Le président la lui explique. « La voiture, c’est moi. La carte bancaire, c’est pas moi » répète le prévenu.

Casier judiciaire ouvert par une première condamnation

Le tribunal le dit coupable du tout, le condamne à la peine de 8 mois assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligations de travailler, de payer le droit fixe de procédure qui a drastiquement augmenté (il est passé de 127 euros à 254 euros en début d’année, ndla), d’indemniser la partie civile. En outre il a l’interdiction de paraître au domicile de la victime ainsi que de tout contact avec elle.

La partie civile sera indemnisée mais pas à la hauteur de ce qu’elle demandait. L’homme ne s’est pas fait conseiller, or le tribunal ne peut fixer des sommes que sur les préjudices causés à la personne qui se constitue partie civile et pas à une autre, et uniquement relatifs aux faits jugés.

« Fragile »

« Monsieur on vous sent fragile. Peut-être que le dossier déposé pour une mesure de protection civile vous aidera. Les faits évoqués par monsieur le procureur montrent que ça ne va pas bien en ce moment. Vos larmes semblent en témoigner. »

FSA

* « On appelle mis en cause, toute personne ayant été entendue par la police ou la gendarmerie et à l’encontre de laquelle sont réunis, dans la procédure transmise au parquet, des éléments graves et concordant attestant qu’elle a commis ou tenté de commettre un ou plusieurs délits ou crimes. Toutes les personnes mises en cause ne seront pas reconnues coupables par la justice. » (site du ministère de l’intérieur)