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TRIBUNAL DE CHALON - 138 kilos de cannabis ou le coût de la liberté

TRIBUNAL DE CHALON - 138 kilos de cannabis ou le coût de la liberté

Sur le plancher de la remorque, 24 tonnes de savons de farines animales destinées à des vaches laitières. Le chauffeur donne la CMR aux agents des douanes, au péage de Beaurepaire en Bresse. Bien. Mais sous le plancher de la remorque...

 Sous le plancher de la remorque se trouve une cache naturelle. Un emplacement pour des portes bobines, cafi de sachets thermosoudés. Il y en a pour 138 kilos de cannabis et un peu de résine, ce 27 février à l’heure du petit déjeuner. Hop, retenue douanière puis remise aux gendarmes dans l’après-midi et mandat de dépôt le lendemain. Voilà le chauffeur routier de nationalité roumaine détenu en attendant son jugement.

Nous y sommes, ce jeudi 27 mars. Le prévenu est assisté d’une interprète et d’un avocat. Il reconnaît, mais quoi ?

L’exploitation de ses trois téléphones portables n’apporte aucun élément qui intéresse l’enquête. Contacté, le centre de coopération policière et douanière dit que cet homme est inconnu de la base Europol, son véhicule également. L’homme, né en 1981, est chauffeur routier depuis 20 ans, et depuis sept mois est employé par une société, mais n’est payé que lors de missions.

Le prévenu dit que la semi-remorque a connu des problèmes mécaniques qui l’ont clouée sur un parking en Espagne, à la Jonquera, pas loin de la frontière. Il dit qu’il a été abordé par une personne, qui lui aurait proposé de « transporter du tabac » jusqu’en Allemagne, contre 2000 euros. Vu que sa situation financière est difficile (il serait très endetté), il accepte. 

On lui demande de s’arrêter sur un parking, avant d'aller faire procéder au chargement des 24 tonnes de marchandises licites. « Trois personnes sont venues avec des paquets et des visseuses. » On lui aurait donné un (maigre) acompte de 100 euros et lui aurait dit de se rendre dans une station-service précise, en Allemagne, où on lui aurait alors donné les 1900 euros promis.

« Ça m’a traversé l’esprit que c’était peut-être de la drogue mais vu cette petite somme, j’ai pensé que c’était pas ça. » Il n’a pas regardé, n’a senti aucune odeur. La présidente lui fait remarquer que même si ça avait été du tabac, ça aurait été illégal. Il répond que pour lui, c’était moins dangereux. 
Devant le juge des libertés et de la détention (qui a ordonné son placement en détention provisoire) l’homme a dit que cette procédure l’avait « détruit », car « 2000 euros » ne valent pas le coût de sa liberté.

Son casier est néant, il vit hébergé chez sa mère, il a divorcé, il est père de deux enfants, et il dit rembourser 1000 euros de crédits chaque mois.

Un avocat est venu plaider la restitution de la farine animale conditionnée en pains de savons. Les douanes réclament une amende de 622 710 euros. Ne s’opposent pas à la restitution de la marchandise, ni à celle de l’ensemble routier.

Le tribunal condamne le prévenu à la peine de 18 mois de prison avec maintien en détention, puis à 10 ans d’interdiction du territoire français, et à une amende douanière réduite aux deux tiers, de 200 000 euros. Ordonne la restitution des 24000 kilos de farine animale et de l’ensemble routier.

FSA