Opinion

Les maires ... les soutiers de la République

Les maires ... les soutiers de la République

Depuis les premières lois de décentralisation de 1982-1983, dites lois 3DS (différenciation-décentralisation-déconcentration et simplification (8-9 février 2022), le législateur n'a eu de cesse que de retirer progressivement les pouvoirs des Maires pour les diluer et les répartir dans différentes strates administratives : communautés de commune, d'agglomération, EPCI , etc... dont les prérogatives se chevauchent souvent, avec, pour conséquence, de ne plus savoir qui fait quoi avec quelles responsabilités.

Ce qui est bien commode au demeurant, car le citoyen-électeur-contribuable n'a plus personne de responsable en face de lui à qui « distribuer des baffes », sauf...le Maire, dernier maillon de la chaîne, clairement et physiquement identifié dans cette nébuleuse administrative...qui de surcroît coûte très cher en compétitivité au pays et aux contribuables, sans que cette sur-administration typiquement française ait jamais prouvé son efficacité, ni même son utilité.

S'y ajoute la disparition des députés-maires, sénateurs-maires, qui avaient l'avantage d'avoir encore « un pied dans la glaise » par leur mandat local de Maire proche de ses administrés, et de n'être pas des élus « hors-sol » déconnectés des réalités quotidiennes des Français. 

Surnagent encore dans cette catégorie d'élus proches du terrain, des professionnels confrontés aux dures réalités économiques et humaines, et les rescapés du suffrage universel ex-Maires élus députés ou sénateurs, comme la sénatrice Marie Mercier (ex-Maire et Médecin) ou le député Eric Michoux (ex-Maire et toujours Président de GALILE), cette caractéristique étant principalement l'apanage des « territoires ruraux » c'est-à-dire de nos campagnes plus ou moins profondes vues de Paris, en clair les « ploucs » de province.

Cette distinction est particulièrement prégnante dans la distribution des fonds publics (1 euro pour les campagnes et 3 euros pour les villes et banlieues dites « sensibles »). 

De plus, la politique s'inspirant de l'entreprise, applique volontiers le double principe de PETER (à un certain stade, une organisation est régie par des organes de direction incompétents à leur poste),  et de DILBERT (les personnes incompétentes ont tendance à être promues à des postes de management pour éviter de nuire au business), cette double tendance s'appliquant sans faiblir ni faillir à toutes les strates de la fonction publique, pour que les vrais décisionnaires perchés au sommet, conservent ad vitam aeternam, leur pouvoir absolu sur le « peuple ». Ce qui, comme le disait si bien William Churchill, fait de la France une république monarchique, alors que l'Angleterre est une monarchie républicaine.

Restent en première ligne, les Maires, taillables et corvéables à merci, fantassins de la République, rescapés d'une démocratie en décomposition avancée, qui font ce qu'ils peuvent avec les quelques prérogatives conservées à titre de « carotte », pour un prestige illusoire au service de leurs concitoyens. 

Mais comme tous les tours de magie, l'illusion n'a qu'un temps et le prestidigitateur en chef est un roi nu qui ne trompe plus guère. Gageons qu'avec une salutaire prise de conscience collective, nous préserverons nos Maires surtout dans nos campagnes, et sans attendre un hypothétique salut d'une personne providentielle, faire ce que par la dure nécessité des temps, les Français biberonnés à l'Etat-Providence ne savent pas – encore -  faire : se prendre en charge et assumer leurs responsabilités, à l'image de leur élu de terrain...le MAIRE !

 Colette Petitjean