Côte chalonnnaise

TRIBUNAL DE CHALON - Il pousse sa vieille mère au sol, elle attend des heures qu’on la secoure

TRIBUNAL DE CHALON - Il pousse sa vieille mère au sol, elle attend des heures qu’on la secoure

Cet homme, âgé de 62 ans, a dû répondre, ce lundi 14 avril, de violence sur sa mère, bientôt nonagénaire. On lui reproche de l’avoir poussée de sa chaise, dans la nuit du 15 janvier dernier et de l’avoir laissée au sol. Une infirmière y trouvera la vieille dame, dans ses excréments, au matin.

 Le tribunal avait demandé, le 3 mars dernier, une expertise psychiatrique. L’homme ne s’y est pas rendu. Pourquoi ? « Il fallait aller à Lyon, alors j’ai pas… » Visiblement c’était trop compliqué pour lui, résidant d’une pension de famille gérée par l’association Le Pont au Creusot, depuis quatre ans. C’est qu’il fut « à la rue » pendant six mois avant cette aubaine d’hébergement.

Le prévenu n’est cependant pas réductible à ce résumé des dernières années grevées par un alcoolisme rongeant et déjà ancien si on l’en croit. Le président de cette audience a su ouvrir l’homme à un peu de paroles spontanées du type : « La collectivité me va bien. » Il évoquait sa vie de pensionnaire et ce repas pris en commun chaque vendredi, mais c’est aussi que « je me suis engagé très jeune ». Il fut soldat, est resté presque 15 ans au sein de l’armée. C’est ainsi que la collectivité lui va bien.

La nuit fut moche

En janvier son frère lui a demandé s’il acceptait d’aller passer un peu de temps chez leur mère, pour faire le joint avec la mise en place d’aides à domicile. La veille des faits, une auxiliaire de vie est passée chez la dame âgée, a trouvé que le fils avait bu. Dans la nuit, ce dernier descend chercher de la bière. Sa mère, alertée par le bruit, le rejoint dans la cuisine. Elle marche avec un déambulateur. Bref, elle lui dit qu’elle a « jeté les bières » et ça le met en colère. Il l’empoigne par son vêtement, la pousse au sol, elle s’y est cogne le visage. Il quitte la pièce. Sa mère n’a pas pu se relever seule (1 jour d’ITT). Le temps a dû lui paraître immensément long.

Sous la ligne de flottaison, des mots blessants

« Vous étiez en manque d’alcool, dit le président. C’est ça. Le dossier n’est pas compliqué.
- Elle me disait que j’étais « un fils indigne », « un bâtard », c’est ça qui m’énerve » répond le prévenu. 
A partir de là, le dossier n’est pas plus compliqué mais se colore d’une dimension humaine qui échappait jusque-là.
N’empêche que le prévenu s’était d’abord rempardé derrière le défaut de médicaments « depuis 15 jours ». Il doit prendre du Seresta trois fois par jour. C’est sûr que passer de cette dose à rien du tout, ça ne peut pas apaiser. Alors si, en plus, il faut encaisser des doutes sur sa filiation.

Il ne dit pas un mot pour sa défense

Si le président avait ouvert à la parole, la procureur, elle, va clouer le bec du prévenu, lequel, sans avocat, ne dira pas un mot pour sa défense après une charge brutale, destinée sans doute à faire ressentir la violence qu’il y a à faire chuter brutalement une personne âgée pour l’abandonner sur le carrelage sans autre forme de procès. La procureur s’inquiète, dit-elle, de ce que le contrôleur judiciaire ait eu à redire sur les manquements de monsieur. « Ça ne me rassure guère. »

« Chaque fois qu’on rentrait de mission, on devait obligatoirement aller voir un psychologue »

Le prévenu fut marié, a divorcé, s’est mis alors à boire (et ça lui a ouvert un casier judiciaire : deux conduites sous l’empire de l’alcool, filouterie, vol en récidive). 
Du temps où son casier était vierge, durant sa vie de soldat, il a connu des pays d’Afrique, la Nouvelle Calédonie, la Réunion, etc. Le plus dur, précise-t-il : le Tchad et le Liban. On sent qu’il pourrait en parler, forcément, si y avait le temps pour ça. « Chaque fois qu’on rentrait de mission, on devait obligatoirement aller voir un psychologue, mais pas trop le psychiatre. » Alors voilà, l’expertise ne devait guère l’emballer outre la difficulté de se rendre au rendez-vous qui n’est pas juste à côté de la gare, que ça soit Part-Dieu ou Perrache.

Deux ans sous main de justice, interdiction de tout contact avec sa mère

Le tribunal dit l’homme coupable de violence sur ascendant (c’est une violence aggravée, de ce fait) et le condamne à la peine de 15 mois de prison assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans avec obligations de soins (addicto et psycho) et interdiction de tout contact ainsi que de paraître au domicile de sa mère, chez qui il se rendait chaque week-end avant ça. 
Il devra payer le droit fixe de procédure de 254 euros (20 % de réduc’ s’il paie dans les 30 jours).

L’homme quitte la salle aussi calmement qu’il y était entré. Il a toutefois rougi sous le coup de la sanction. Il voulait quitter la France, une fois qu’il percevrait sa retraite, en août prochain, pour aller là où il a des amis et où il fait chaud.

FSA