Chalon sur Saône

CONSEIL MUNICIPAL CHALON - Donation de Florence de Ponthaud Neyrat à la ville de Chalon... chance ou cadeau empoisonné ?

CONSEIL MUNICIPAL CHALON - Donation de Florence de Ponthaud Neyrat à la ville de Chalon... chance ou cadeau empoisonné ?

Le point 6 à l'ordre du jour du conseil municipal de Chalon portait ce lundi soir sur une donation de l'artiste Florence de Ponthaud-Neyrat. Un sujet qui a soulevé un certain nombre d'interrogations des oppositions municipales face au projet d'hébergement des oeuvres voulu par Gilles Platret.

Ce n'est pas tous les jours qu'une telle donation artistique est proposée à une collectivité, et Gilles Platret a tenu à le marteler à plusieurs reprises ce lundi soir, en séance du conseil municipal. Si la donation en tant que telle a été bien accueillie par l'ensemble des élus du conseil,  les contreparties imposées à la ville de Chalon ont soulevé par contre un certain nombre d'interrogations et d'inquiétudes de la part des élus de l'opposition municipale. 

Un sujet ouvrant la voie à de nouvelles passes d'armes entre Gilles Platret et les élus d'opposition.

Concrètement quelle sont les conditions et contreparties de la ville de Chalon ? 

Florence de Ponthaud-Neyrat est loin d'être une inconnue dans le milieu artistique et nombre de ses oeuvres figurent déjà dans des lieux emblématiques de la ville de Chalon, mais l'ampleur de la donation évoquée en conseil municipal est inédite dans l'histoire culturelle de la ville. Née à Chalon sur Saône, l'artiste demeure à Paris depuis quasi toujours, tout en gardant une affection particulière par la ville. 

Une collection d'une valeur estimée à quasi 600 000 euros sera cédée à la ville de Chalon sur Saône. " Une première partie de ces œuvres devra être enlevée par la Ville de Chalon-sur-Saône et stockée dans un bâtiment approprié permettant une parfaite conservation de celle-ci, dans l’attente de la création d’un lieu d’exposition dédié à l’art contemporain qui abriterait non seulement les œuvres faisant l’objet de la donation, mais aussi et de manière périodique permettrait l’exposition d’œuvres d’autres artistes d’art contemporain" a précisé Gilles Platret.

En compensation à ses frais, l'artiste fera un don en numéraire de 400 000 euros à la ville de Chalon sur Saône.

Du côté des contreparties ? Au-delà du reçu fiscal logique, Gilles Platret a annoncé en conseil municipal que l'hôtel de l'Europe, bâtiment adjacent de l'hôtel de ville, au bout de la rue de Porte de Lyon, sera affecté à l'accueil de la collection. A l'issue des travaux de l'hôtel de l'Europe, tout le mobilier de l'artiste sera déménagé de Paris aux frais de la ville et installé dans le futur "musée". 

Une deuxième donation d'oeuvres estimée à 500 000 euros viendra compléter la proposition dans un second temps.

Une résidence d'artiste, un archiviste, une dotation annuelle et une concession perpetuelle au cimétière de l'Est

 Afin d’inscrire dans la durée la Ville de Chalon-sur-Saône comme un lieu reconnu en matière d’art contemporain, il est convenu que la collectivité crée d’une part une résidence d’artiste qui serait constitué d’un petit studio et d’un atelier avec les outils nécessaires à la création, d’autre part un prix artistique régional annuel « prix de sculpture Florence de Ponthaud-Neyrat » de l’ordre de 3000 euros minimum, lequel serait alimenté annuellement, via le fonds de dotation « Florence de Ponthaud-Neyrat » hébergé auprès de la Banque Transatlantique.

Ce fonds aura vocation à perdurer après le décès de sa créatrice, et contribuera à pérenniser, via cette dotation annuelle, l’attribution de ce prix artistique régional mais également permettra de participer à la rénovation d’œuvres détenues au musée Denon.
Madame de Ponthaud-Neyrat souhaite que la Ville soit représentée au sein de ce fonds de dotation.

Enfin il est convenu que Madame Florence de Ponthaud-Neyrat sera inhumée à Chalon-sur- Saône au cimetière de l’Est, et que la Ville lui offrira une concession perpétuelle, ainsi que l’entretien de celle-ci. Plus précisément la concession, devra être constituée d’un emplacement deux fois deux places, permettant l’installation d’une sculpture monumentale de 2m x 2,1m, créée par Florence de Ponthaud-Neyrat "Adam et Eve au Paradis", qui serait acheminée et installée par la Fonderie « Fusions » à Charbonnières-les-Vieilles (63410), aux frais de la Ville de Chalon-sur-Saône.

Les frais de donation seront à la charge de la Ville de Chalon-sur-Saône.

Des contreparties sources d'inquiétudes des oppositions

Les élus de l'opposition ont soulevé un certain nombre d'interrogations légitimes au regard des contreparties portées par la ville de Chalon. A tour de rôle, Cécile Lamalle, Amandine Ligerot et Alain Rousselot-Pailley ont pointé des questionnements quant au coup à terme pour les contribuables chalonnais. Des interrogations balayées par Gilles Platret. 

 « Attendre la réciprocité, ce n'est pas faire un cadeau, c'est faire du commerce » a lancé Amandine Ligerot, avant d'évoquer le dossier de la Méandre au Port Nord de Chalon (à lire bientôt sur info-chalon.com). " Si effectivement le but est d'être philanthropique, alors nous ne pourrions que nous en réjouir. Simplement, nous avons sur notre territoire des zones culturelles qui sont actuellement en danger, et ce n'est pas elles qui vont bénéficier de cette mesure", jusqu'à évoquer "un passe-droit grâce à l'argent". 

Un peu plus tôt, Cécile Lamalle est montée au front, découvrant le projet de la mairie pour l'hôtel de l'Europe, "sans aucune concertation des élus, sans détails du projet. Depuis 2022, il n'y a eu aucune information. Est-ce cela un projet public, une politique culturelle" s'est étonnée l'élue d'opposition, avant de s'inquiéter de l'engagement de la ville de Chalon "sans aucune perspective". Une analyse validée par Alain Rousselot-Pailley évoquant "fardeau pour les contribuables", s'étonnant "que ce projet ne fasse l'objet d'aucune consultation".

Autant d'interrogations, évidemment, pas du goût du maire de Chalon sur Saône, "vous vous êtes creusés les méninges, c'est incroyable. Votre rancoeur est incroyable. Vous êtes nés pour être contre, que voulez vous que j'y fasse. Pour l'hôtel de l'Europe, si on ne fait rien, on présidera à sa destruction progressive. Le bâtiment est sujet à des désordres tels qu'il nous impose sa restauration. Opposez-vous, nous on est bien heureux d'une telle donation. Elle aurait pu faire autrement, c'est fabuleux qu'elle fasse don à sa ville".

Laurent GUILLAUMÉ