Agglomération chalonnaise

TRIBUNAL DE CHALON - 80 ans, consultation d’images de bébés violés

TRIBUNAL DE CHALON - 80 ans, consultation d’images de bébés violés

Le vieil homme conserve de la stature. Il est grand, se tient droit. Il est pourtant jugé pour avoir, le 3 février 2023, importé et détenu des images d’enfants extrêmement jeunes violés, abusés.

 L’expert psychiatre (expertise obligatoire pour tous les faits de nature sexuelle) écrit que cet homme souffre d’« un trouble psychosexuel lié à son histoire infantile ». 
Le prévenu ne voit absolument pas pourquoi le médecin a écrit ça, ni à quoi il se réfère. Il n’a rien à dire à ce sujet.

La présidente chargée de l’homologation des peines, ce jeudi 17 avril, en CRPC, va tiquer plus d’une fois devant l’attitude de ce prévenu, né en 1945, au casier néant, qui pourtant avait téléchargé des choses ignobles – le 3 février 2023, à son domicile, via internet.

« C’est par hasard que je suis tombé dessus. Moue de la présidente qui ne pense pas qu’on tombe « par hasard » sur de telles images. On peut lui faire crédit d’être informée, vu son métier. 
« Je cherchais des films » ajoute le prévenu comme si ça venait éclairer quoi que ce soit. 
Des films de quoi ? Selon quels termes rentrés dans le moteur de recherche ? L’homme ne dit rien et la juge s’agace ouvertement.

« La CRPC est une mesure de clémence, surtout pour de tels faits. Votre positionnement peut influencer ma décision. » La juge évoque la possibilité d’une audience devant un tribunal correctionnel. En effet, elle peut refuser d’homologuer la peine que le procureur de la République a proposée peu auparavant.

Le prévenu veut rester droit dans ses bottes ? La présidente va dire les choses, les faire exister quelques secondes. Elle oppose à la raideur du vieil homme ce qu’il a vu de tordu, de tordu et de criminel, et qu’elle a dû, par la force des choses, voir aussi : « On voit des bébés, monsieur, en train de faire des fellations. On voit des actes sadomasochistes sur des enfants. » Nouvelle moue avec un geste de la main qui semble balayer ou vouloir balayer l’abjection. De l’autre côté de la barre, silence.

Le vieil homme : « C’est le hasard. »
La présidente : « Non. Il faut chercher. Monsieur, c’était il y a 18 mois, vous ne vous êtes pas interrogé, depuis ? »
Le prévenu botte en touche : « Ben, j’ai plus d’ordinateur, j’ai plus rien. » 
La présidente lui demande quels âges ont ses petits-enfants. « La dernière a 19 ans. » 
« On est sur des faits qui sont graves » insiste encore la juge.

Le procureur a proposé la peine de 6 mois de prison avec sursis et l’interdiction de toute activité avec des mineurs pendant 1 an. « Vous avez conscience que ces 6 mois de prison, vous pourriez les exécuter si vous commettez une nouvelle infraction ? »

Oui-oui il a conscience. Il a surtout envie d’en finir avec cette audience. Il n’aura pas eu un mot digne de ce nom. Son avocat plaide « l’erreur », « la première consultation », « il a reconnu entièrement, c’est pour ça que le parquet a opté pour une CRPC ».

La présidente dit l’homme coupable, entre en voie de condamnation en homologuant la peine. Termine ainsi : « Maintenant, je le redis : les faits sont graves. »
Puisque la décision a été rendue, l’homme pourrait dire quelque chose, de franc, de sensible, de regret, un mot pour ces enfants-là ? Ben non. Visage fermé il quitte la salle.

FSA