Chalon sur Saône
Trois cadres de Véolia à la barre du tribunal correctionnel de Chalon
Publié le 05 Février 2016 à 18h30

Dans la série de science-fiction « X files », bientôt ressuscitée, le personnage de l’homme à la cigarette veille d’une manière particulière sur le bonheur des Terriens. Chez Véolia Eau, les cadres font de même. Retour sur l’ambiance de la récente audience correctionnelle de ce vendredi 5 février consacrée à l’examen de l’affaire Loïc Lamboeuf.
Ils sont trois. Trois hommes en costume foncé, assis devant leur avocat ce vendredi-là au tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône. Trois hommes d’apparence semblable, exceptées la couleur des chaussettes ou la teinte de la cravate, qui travaillent dans la même entreprise. Et quelle entreprise : Veolia Eau, 3 milliards de chiffre d’affaires, 16300 collaborateurs en France. Deux cadres régionaux - comprenez la grande région Véolia qui fait fi des découpes administratives : Gérard Bourdonnay (retraité) et Yves Bachelard. Au duo de responsables régionaux en poste au moment de la mort de Loïc Lamboeuf s’ajoute Frédéric Goetz, venu incarner la personne morale, c’est-à-dire la SCA Veolia Eau CGE. Tous trois - les deux responsables régionaux de 2011 et la société- poursuivis pour « homicide involontaire par la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence dans le cadre du travail » et « infraction à la règlementation générale sur l’hygiène et la sécurité au travail ». Un trio de costumes foncés. Qui se regarde, hésite trois secondes, agite les bras lorsque la présidente Therme leur demande qui était censé intervenir et contrôler et repérer les défauts de sécurité sur le site de Montceau, lieu mortel pour le jeune Loïc. Les délégations de pouvoir pour la sécurité chez Veolia Eau à l’époque semblent plus que floues : nébuleuses.
Un trio qui se tourne, semble-t-il, de manière bien mécanique vers la famille de la victime à la fin de l’audience pour exprimer ses « tristesse et compassion ». Une multinationale de l’eau n’est pas un lieu propice aux épanchements lacrymaux, fut elle une grande fierté nationale et présente jusqu’aux plus petits robinets ruraux du pays. Une once de chaleur ou d’humilité de la part des trois hommes en costume n’aurait toutefois pas été superflue. Mais le superflu n’a rien avoir avec la stratégie industrielle et la défense d’un grand groupe. La famille Lamboeuf, confrontée à un silence « lourd » de la part de Véolia depuis le décès de Loïc n’attend même plus un geste sincère, ce vendredi après-midi 5 février. « J’avais un fils, je l’ai élevé pendant 19 ans, il n’est plus là » a déclaré Bernard Lamboeuf, le père de Loïc. Noémie, sa fille, a fait preuve de la même retenue intense à la barre.
L’aboutissement d’une enquête ouverte dès le 29 mars 2011, jour funeste à Montceau-les-Mines pour Loïc Lamboeuf et sa famille, cette audience. En stage à la station d’épuration gérée par Veolia et construite par la Communauté Urbaine Creusot Montceau (CUCM), Loïc Lamboeuf, jeune lycéen de 19 ans, scolarisé en dernière année au lycée Françoise-Dolto en bac « hygiène et environnement » a perdu la vie sur le site. Ce matin-là, une mousse inhabituelle, se dégage d’une cuve. Son tuteur dans l’entreprise lui demande d’arroser la mousse tapageuse, comme cela a déjà été fait lors des apparitions précédentes de ce phénomène, afin qu’elle retombe dans la cuve. Laissé seul pour effectuer cette tâche – ce qui n’a pas été retenu comme une faute par l’enquête- le stagiaire, au retour des employés près de la cuve a disparu. Reste le tuyau d’arrosage et l’eau qui coule. Un caillebotis en grillage a sauté. Loïc est tombé pendant l’opération. Une chute, qui ne lui a laissé aucune chance. Ni l’équipement dont il disposait, ni les aménagements de la cuve – sans échelle de secours - ne lui permettaient de survivre une fois dans le « magma ». Il a fallu deux heures d’efforts dangereux aux pompiers pour localiser et retirer le corps sans vie du lycéen. Ils repêchent aussi le caillebotis métallique, qui sert de plancher ou de couvercle au bassin. L’inspection relève que cette partie est fragilisée car centrale, sans appui solide et que les deux boulons censés arrimer le tout solidement au reste étaient rouillés ou disparus. Des lacunes – cinq infractions au total ont été relevées et retenus par le parquet après enquêtes – mais qui est responsable ?
Pour le parquet et la partie civile – représentée par Me Danièle Saint Martin-Crayton du barreau de Mâcon - qui ont choisi, face au discours humainement sec de la multinationale de l’eau, de requérir et de plaider l’aspect purement technique du dossier, c’est Véolia. Pour le parquet et la partie civile, les trois prévenus sont pénalement responsables des manquements et des fautes ayant entrainé la mort du malheureux stagiaire. L’enquête de l’inspection du travail – citée comme témoin à l’audience – a dégagé toute responsabilité locale à la station d’épuration pour incriminer le niveau régional décisionnel de l’entreprise. « Aucun moyen n’était réellement donné au personnel de la station d’épuration pour effectuer correctement ses missions », a conclu l’inspecteur du travail.
Pour la défense, Me Guillaume Boulan a réfuté en bloc et en détails la responsabilité pénale et « la faute caractérisée » de ses clients. Il a tour à tour renvoyé et posé la question de la conception et de la construction de la station – assurée par la CUCM - il s’est aussi demandé, à demi-mots, ce qu’avait pu éventuellement faire Loïc, une fois seul. L’avocat de Neuilly-sur-Seine a aussi évoqué le palmarès international sécuritaire, forcément sublime, de Veolia. « Ce n’est pas parce qu’un jour l’accident survient que le dispositif de sécurité n’est pas efficace ». Me Boulan a demandé la relaxe de ses clients à l’issue d’une plaidoirie sans surprise s’inscrivant parfaitement dans la logique du groupe. Une ligne de défense que les amis de la famille de la victime, présents en nombre dans la salle, ont eu du mal à supporter. Certains serraient des poings à chaque prise de parole des prévenus ou nouvel argument de Me Boulan.
Quelques semaines auparavant, ce même tribunal chalonnais a eu à juger deux conductrices, responsables l’une à Montceau, l’autre à Chalon de la mort d’une personne âgée renversée sur un passage piéton. Deux prévenues, bouleversées par la vie qu’elles avaient ôté et reconnaissant, au prix quotidien de leur équilibre, leur responsabilité dans l’accident. Rien de tel à cette audience-là dans un contexte différent d’accident du travail qui aurait pu être évité si toutes les mesures normales avaient été observées. Le parquet, pour qui fautes et homicide involontaire sont établis a requis rappelons-le 12 mois de prison avec sursis pour les deux cadres régionaux et 50.000 euros d’amende pour la société. Rendez-vous le 1er avril pour le délibéré.
Florence Genestier



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