Chalon sur Saône
Le Bistrot-théâtre de Chalon pour s'enivrer d'humour déviant avec le très coopératif Jefferey Jordan, les 20 et 21 octobre
Publié le 15 Octobre 2017 à 17h22
Digne pendant du festival humoristique givrotin Les Oenorires (en 2018 du dimanche 28 janvier au samedi 3 février) auquel il prête allégeance en lui étant viscéralement attaché, le Bistrot-théâtre placé dans la dépendance du Théâtre du Grain de Sel sis à Chalon-sur-Saône s'apprête à remettre les gaz. En effet, les 20 et 21 octobre prochains retrouvera-t-il de sa superbe, en la personne de l'amuseur public Jefferey Jordan, l'une de ses figures emblématiques, ardent défenseur de son spectacle «Pourquoi les mouches ». Interview pour info-chalon.com
Alors, « Pourquoi les mouches » ?
«C’est un concept qui ne s’est pratiquement encore jamais vu dans l’univers du seul-en-scène, c’est-à-dire que l’on a écrit, Martine Foresti, qui est la tante de Florence Foresti, et moi-même, une série de douze questions auxquelles on répond. En fait c’est une espèce de voyage un peu absurde, une sorte de conférence, où on se pose des questions sur des choses qui peuvent se passer dans la vie. Par exemple, la première question du spectacle, et c’est pour ça que c’est le titre du spectacle : « Pourquoi les mouches peuvent toujours entrer dans une pièce et ne jamais en sortir ? ». D’ailleurs, on ne répond pas forcément aux questions, il y a de la poésie, c’est drôle, il y a pas mal aussi de références. On vise un public différent de celui que j’ai habituellement dans mon premier spectacle, qui est un peu plus musical. »
Depuis quand portez-vous ce spectacle sur scène, et que vous a-t-on rapporté à son sujet ?
«On a commencé de l’écrire en mars 2016, et on l’a fini en septembre 2016. Je suis monté sur scène le 1er novembre, il a donc un an. Les gens ont deux manières de réagir : ou ils aiment beaucoup, ou bien ils sont imperméables. C’est une écriture très, très littéraire à la base, et j’ai ensuite réécrit pour la scène. Mon principe, c’est de faire en sorte que même si les gens ne connaissent pas les références, historiques ou de situation, j'essaie de leur communiquer les informations par le rire. Ce n’est pas un travail journalistique. Ca m’apporte une nouvelle expérience, je sortais de ma zone de confort, surtout que c’est la première fois que je coécris un spectacle. Ce sont en fait deux générations qui se rencontrent clairement dans une écriture, puisque Martine a la soixantaine passée, et moi j’en ai vingt-six, donc c’est intéressant pour moi de présenter, me frotter à d’autres interprétations et à un autre univers, même en termes de mise en scène, c’est complètement différent. On a beaucoup appris l’un de l’autre, et puis je me rends compte que le public, en proposant quelque chose de différent, adhère quand même. Donc, plutôt que de faire un one-man-show comme on en voit partout, avec toujours les mêmes thèmes, que ce soit par exemple celui qui vient souvent, les rapports hommes-femmes, on voulait parler de complètement autre chose, faire en sorte que les gens posent leur cerveau à l’entrée. Les gens se lâchent dans ce spectacle. On ne va pas chercher les gros, gros rires, il n’y a pas de grosses vannes comme dans le stand-up ou même dans des comédies. Chacun vient quand il veut, et réagit comme il veut. C’est une autre approche en réalité du Café-Théâtre, du seul-en-scène. »
Eprouvez-vous un sentiment de satisfaction par anticipation, quant au retour prochain du processus de Bistrot-théâtre, les 20 et 21 octobre à Chalon ?
« Oui, oui, ce sont deux amis à moi, Antoine (Demor NDLR) et Victor (Rossi NDLR) qui s'en occupent. Je suis très heureux que ça existe, parce que je pense que l’on est dans une région qui a besoin d’un peu plus de découvertes culturelles, plutôt que de faire venir uniquement des spectacles déjà plus ou moins médiatisés ou connus. Nous sommes très contents, car les réservations vont bon train, et il semblerait que l’on fasse deux très bonnes soirées. Je suis toujours très heureux d’aller jouer là-bas, j’y avais joué mon premier spectacle une fois, et en trio avec Antoine et Victor. »
Quel souvenir gardez-vous du spectacle « Antoine Demor, Jefferey Jordan et Victor Rossi font l’humour à trois » ?
« On avait adoré faire ça, puisqu’on avait ces trois séances les unes après les autres, et que nous étions complets sur ces trois séances. On s’est amusé, je ne vous cache pas d’ailleurs que nous étions bien fatigués, on n’a pas vraiment fêté la nouvelle année, mais c’était intense ! Je pense que c’est ça aussi qui est important dans une pièce de théâtre, cette connivence avec le public. Même quand nous sommes arrivés vers 23h45-minuit, nous avons été obligés d’arrêter la pièce et de fêter les douze coups de la nouvelle année avec le public, c’était une ambiance différente. Et puis le lieu s’y prête, il est mobile, on peut bouger les rideaux, les lumières, on peut mettre plus ou moins les gradins d’une certaine manière, donc c’est ça qui est intéressant dans des endroits comme ça : s’exprimer comme on le souhaite. »
Entre une très petite jauge comme celle du Théâtre du Grain de Sel et, par exemple, la première partie d’une tête d’affiche dans un Zénith, adaptez-vous votre jeu en fonction des circonstances ?
«Evidemment, parce que les scènes sont beaucoup plus grandes dans un Zénith ou dans une grande salle, parfois dans des grands théâtres de sept cents-huit cents places. Il y a une configuration différente. Oui, on adapte. Après, j’ai eu la chance depuis six ans maintenant que je fais ce métier, de pouvoir avoir l’expérience de beaucoup de configurations différentes. Il arrive que l'on joue avec cinquante projecteurs, et quelquefois, seulement huit. Ca ne me fait jamais peur de jouer dans des lieux petits plutôt que grands. Les grands sont bien sûr plus impressionnants, mais on n'anticipe pas de la même façon le spectacle. »
Est-ce la croix et la bannière pour se différencier de la cohorte d’humoristes actuellement sur le marché ?
« On est très nombreux, on a tous cette lucidité-là, on en a bien conscience. On se rend compte au fur et à mesure, que pour se différencier, il faut avoir sa petite patte, sa façon de s’exprimer sur scène, et puis aujourd’hui on a des outils intéressants : les médias, la radio, la télé, et puis surtout Internet qui est en train d’exploser. Les vidéos YouTube, par exemple, c’est un support de choix, il y en a beaucoup qui arrivent à remplir, à faire leur beurre comme ça. Ce n’est pas vraiment la croix et la bannière, jusqu’à présent je ne m’en plains pas car dans mon premier spectacle je joue du violon, donc c'est quelque chose qui n'est pas encore du one-man-show, mais dans le spectacle « Pourquoi les mouches » je n’en joue pas. Quand on a un concept il faut le cibler jusqu’au bout, et l’exploiter avec un producteur ou quelqu’un d'intéressant qui pourrait travailler avec nous. Certains peut-être ont plus de mal que d’autres, mais avoir une originalité c’est indispensable. »
Avez-vous définitivement trouvé votre style ?
« C’est un métier où on est toujours dans le doute, donc je ne peux pas vous dire oui, mais je ne peux pas vous dire non non plus. En tout cas le style évolue en permanence. D’une année sur l’autre on découvre aussi des choses. Je vous réponds ça parce que je ne suis pas du tout comédien, je suis autodidacte depuis le début, et que chaque année, même à chaque séance sur scène, je me rends compte que je peux également faire d’autres choses. Donc, le style s’installe petit à petit. »
Y a-t-il une ligne rouge que vous ne franchissez jamais ?
« J’essaie de ne pas m’interdire grand-chose. Après, je ne veux pas violenter, je suis très mauvais lorsqu’il faut violenter le public, ou faire de l’humour très noir. J’essaie de m’interdire aussi la facilité dans mes textes, que les vannes par exemple ne soient pas trop faciles ou déjà entendues, pour ça je me nourris de tout ce qui se fait actuellement, que les artistes soient connus ou pas d’ailleurs. La seule ligne rouge c'est de ne pas tomber dans le graveleux, le pipi-caca ou dans quelque chose trop en-dessous de la ceinture, même si évidemment c’est toujours intéressant d’aller en-dessous de la ceinture, mais je pense qu’il faut le faire intelligemment. Il faut toujours garder le sens du respect envers le public, qui parfois ne sait pas ce qu’il vient voir, et n’a pas forcément envie de se prendre des vulgarités dans la figure.»
Le mot de son ange tutélaire
Il a pour nom Antoine Demor, lequel est depuis quelque temps étroitement associé à son compère humoriste Victor Rossi pour canaliser les flux artistiques. Petit rappel utile pour éclairer la lanterne du béotien moyen : «La recette reste la même, proposer en dehors du festival des soirées à tarifs accessibles, des découvertes humoristiques qui cassent les codes, le tout dans une ambiance conviviale de Café-Théâtre avec son bar de produits locaux », dixit Antoine.
Les renseignements pratiques
La mise sur orbite du Bistrot-théâtre en version 2017-2018 (il s'agit de la troisième saison) se déroulera les vendredi 20 et samedi 21 octobre, dans les deux cas à 20h30, au Théâtre du Grain de Sel à Chalon. Quelques places sont encore disponibles, mais ne tardez pas à faire le nécessaire... Ouverture du bar à 19h30. Tarifs : de 10,00 à 14,00 euros. Infos au 07.85.34.36.70, réservations sur www.lesoenorires.fr Sachez d'autre part que les autres spectacles auront lieu les 23, 24 février, et 9,10 mars 2018. C'est à la fin de cette année que les protagonistes seront dévoilés.
Propos recueillis par Michel Poiriault
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