Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il frappait sa victime sur un parking de lave-auto à Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Il frappait sa victime sur un parking de  lave-auto à Chalon sur Saône

« Il tapait là où il pouvait taper, pendant une bonne vingtaine de minutes..."

« Il tapait là où il pouvait taper, pendant une bonne vingtaine de minutes. Il l’insultait en langue arabe. Il était extrêmement violent. » La présidente Clara Verger montre des photos de la victime à ses assesseurs, « elle est dans un état épouvantable, pas un endroit de son corps ne porte pas de plaie ». L’auteur présumé est dans le box. Il avait bien bu, il dit qu’il ne se rappelle de rien. 

 
En marge(s)

 
Les faits ont eu lieu à Chalon sur Saone sur un parking de lave-auto. Des gens ont appelé la police, la fille hurlait, son agresseur aussi, il la frappait même au sol. Une scène horrible. Un couple. Elle vit en Belgique, il est venu en France à Montceau-les-Mines il y a deux mois pour y travailler, au black. Il est en situation irrégulière, ils ont un enfant, et elle a une interruption temporaire de travail de 10 jours suite à ce passage à tabac. Lui, il est l’objet d’un mandat d’arrêt européen délivré par un tribunal belge (condamné pour vol avec violence). L’interprète l’écoute puis traduit : « Il dit que c’est ses copains qui ont rajouté son nom. »

 
Insultes particulièrement brutales

 
Il a insulté les policiers, ils sont 5 à se constituer partie civile. « Bande de fils de p..., je vais égorger vos mères. » Il dit que non. Il dit qu’il n’avait jamais frappé sa copine laquelle a dit que si, mais ni elle ne dépose plainte, ni elle n’a voulu être entendue. 

De mensonges en faux fuyants, les déclarations du jeune homme passées par le filtre de la traduction semblent un peu longues. Le jour décline, la salle est vide, le prévenu balance toute sa vie perso et incrimine des tiers, dit qu’il aime la fille.


En garde à vue, il maculait sa cellule avec ses excréments 


Il avait fait un passage dans un centre de rétention administratif dans le sud de la France, avait vu un psychiatre. En a-t-il besoin ? Il répond à côté, c’est pas son souci premier. Se considère-t-il comme violent ? Il répond à côté. 

Maître Ronfard, pour les policiers, revient sur les insultes, puis sur ce moment pénible où le prévenu maculait sa cellule de garde à vue de ses excréments. (Le prévenu dit qu’il n’était pas seul, il avait un poivrot avec lui)

« La victime a été frappée d’une manière très brutale et prolongée » reprend le vice-procureur, Charles Prost. Les forces de l’ordre intervenaient dans le cadre de protection de la victime » et furent insultées, brutalement aussi. Il requiert une peine de 15 mois de prison avec maintien en détention.

 
Un dossier où personne n’a la moindre interaction avec l’institution 


Maître Diry fait « un constat de désolation » et puis aussi le constat des limites de notre système judiciaire qui n’offre aucune accroche pour ce genre de situation, où

« personne ne donne rien à personne ». C’est un dossier dont aucun des protagonistes n’est en interaction avec la justice. C’est la désertion, le vide. L’avocat ne comprend pas la position de la victime, ne comprend pas comment aucun des hommes présents n’ont pu soustraire la victime aux coups. Quant au prévenu : « Ce n’est pas quelqu’un de normal, entre guillemets. Il a le traumatisme de la traversée, le traumatisme du réfugié, point final. » 

Il demande « le pardon »

Le prévenu a dit à l’interprète comment presque tous étaient morts « pendant la traversée », « et voilà », autre constat de désolation, « mais il fait l’objet de poursuites dans un autre pays, et aujourd’hui la seule puissance qu’il rencontre c’est la vôtre. Mais je vois un homme en détresse qui a besoin d’aide et de traitements ». L’homme qui est dans le box dit qu’il ne va pas bien, qu’il est malade psychologiquement et qu’il demande « le pardon ». Il a 34 ans, mais sa stature est celle d’un ado et avec le masque on le croirait mineur. 


Le tribunal le condamne à 15 mois de prison ferme, ordonne son maintien en détention.


Florence Saint-Arroman